Les gourous de la com' by Aurore Gorius & Michaël Moreau

Les gourous de la com' by Aurore Gorius & Michaël Moreau

Auteur:Aurore Gorius & Michaël Moreau [Gorius, Aurore & Moreau, Michaël]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Société, Politique
Éditeur: La Découverte
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


L’échec de Christophe Reille, « porte-parole » autodésigné de Kerviel

C’est l’affaire Kerviel qui mettra Christophe Reille sous les feux de la rampe. Les circonstances de leur rencontre restent floues. Lui assure avoir été contacté par les premiers avocats de l’ancien trader. « Un flash dans un de leurs rêves sans doute », rigole-t-il. « Plus sérieusement, parce que j’avais déjà une réputation », assure-t-il. L’ancien directeur de la communication de la Société Générale, Hugues Le Bret, le soupçonne au contraire d’avoir été téléguidé par BNP Paribas, qui aimerait bien avaler la banque de Daniel Bouton, très fragilisée par les pertes financières13 . D’ailleurs, BNP Paribas est conseillée par l’agence DGM, de Michel Calzaroni, l’ancien collègue de Reille au cabinet de Gérard Longuet. Et la société de Christophe Reille emploie Philippe Manière, ancien rédacteur en chef au magazine Le Point et surtout ex-directeur général de l’Institut Montaigne, le thirtk tank de Claude Bébéar, compagnon de route de la banque de Michel Pébereau et pourfendeur de la Société Générale. « Une thèse de paranoïaque, s’énerve Christophe Reille. Je connais les gens de BNP Paribas, parce que j’ai été journaliste pendant dix ans, mais tout aussi bien que Marc Viénot, l’ancien P-DG de la Société Générale. Une thèse aussi farfelue que fausse. »

Le jeudi 24 janvier 2008 au matin, lorsque la fraude Kerviel est annoncée par un communiqué de la Société Générale, puis lors d’une conférence de presse du P-DG Daniel Bouton, le trader devient un symbole de la crise financière. Son nom et sa photo, que la banque refuse dans un premier temps de délivrer, ne sont révélés que quelques heures plus tard par une enquête du Financial Times auprès des salariés du groupe : les journalistes et le grand public peuvent alors mettre un visage sur une finance devenue folle. Jérôme Kerviel reste le seul client que Christophe Reille ait accepté de coacher bénévolement. Mais il le regrette aujourd’hui : « J’ai eu tort de ne pas me faire payer, nous a-t-il affirmé. J’ai bossé six mois sans qu’il me verse un centime, parce que ça m’intéressait. Je voyais exactement ce qu’il fallait faire. Après, quand il a changé d’avocat et de stratégie de défense, je suis parti. Il était trop instable. » Il prend le titre de « porte-parole » dans la presse, alors que dans les affaires judiciaires, la parole publique est normalement réservée aux avocats. Mais Reille n’affectionne pas l’ombre.

« Nous avons tous notre style dans la com », rétorque-t-il. Moi, c’est le « storytelling ». Je raconte des histoires. » Et le « storytel-ling » de Jérôme Kerviel est celui d’un bouc émissaire. Premier coup d’éclat, le 5 février 2008 : Reille orchestre une série de photos posées du jeune Breton originaire de Pont-l’Abbé, en jean et chemisette, souriant et un peu timide, dans le bureau de son avocate, devant l’objectif d’un photographe de l’Agence France-Presse. Elle est assortie d’une interview par le journaliste de l’AFP, Pierre Rochiccioli. Le jeune trader entend ainsi prouver qu’il n’est pas en fuite.



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